LES SAVOIRS AUTOCHTONES ET LE DROIT DE L’ENVIRONNEMENT AU MOZAMBIQUE : QUELLE PLACE POUR L’INTEGRATION ?
Le texte suivant inclut juste l'Introduction et la Conclusion du travail. En effet, c'est le memoire de Master (http://memoire.jm.u-psud.fr/index.php?id=12374). Pour avoir access a tout le travail, veuillez telecharger la piece jointe via le site en ligne www.amadecasimironacir.com (https://amadecasimironacir.com/les-savoirs-autochtones-et-le-droit-de-lenvironnement-au-mozambique-quelle-place-pour-lintegration/), ou le profil academia Amade Nacir (https://independent.academia.edu/AmadeNacir). La version reduite du travail fut publiee' dans la Revue Mozambicaine d'Etudes Relations Internationales (RMEI) - Vol. 4, nr. 2.
INTRODUCTION
Le
Mozambique est un pays situé sur la côte Est de l’Afrique Australe[1].
La taille du territoire est de 799 380 kilomètres carrée (Km²), ce qui en fait
le 36ème plus grand pays du monde[2].
Il est limitrophe avec 6 pays dont la Tanzanie au nord (840km) ; le Malawi
(1.498km), la Zambie (439km) et le Zimbabwe (1.402km) à l’ouest ; et
finalement l’Afrique du Sud (496km) et l’Eswatini (108km) au sud (ibid). Par ailleurs, la taille de la
côte est de 2.470km (ibid).
L’histoire contemporaine du Mozambique est marquée par la colonisation qui a
duré environ quelques centaines d’années. Cependant, en 1975 le Mozambique
devient indépendant du Portugal et commence à entreprendre son développement.
Mais une guerre civile, qui a débuté en 1977 et pris fin en 1992 avec la
signature des accords de Rome, aussi appelés Accords de paix, a beaucoup
retardé le développement économique et social du Mozambique. De plus,
l’environnement a subi quelques conséquences négatives de la guerre, comme par
exemple la déforestation.
Ainsi, depuis 1992 le Mozambique vit dans un climat de
stabilité relative, car même s’il y a parfois des menaces de retour à la
guerre, la paix est durable. Ensuite, ce climat de stabilité a permis la prise
en compte des enjeux de la protection de l’environnement qui n’étaient que
secondaires auparavant à cause de la guerre. C’est dans le contexte d’un
nouveau système politique né après 1992 et d’une toute nouvelle compréhension
et action sur le monde qu’est adoptée en 1996 la Loi Environnementale du
Mozambique[3].
Par ailleurs le Mozambique est un pays riche culturellement fort de sa
diversité ethnique et donc culturelle. On y trouve un mélange cosmopolite de
cultures issues de l’Europe, de l’Inde et du Moyen Orient, et bien évidemment,
la culture africaine que se manifeste à travers la tradition bantoue. Il existe
environ 42 langues nationales et plusieurs ethnies dont[4],
Yao, Macua, Angones, Nhanjas, Tongas, Bitongas et Muchopes
(www.visitmozambique.gov.mz[5]).
De plus, actuellement seulement 25% de la population parle le portugais, qui
est la langue officielle (culturamoçambicana.blogspot.com[6]) ;
la majorité de la population parle donc les différentes langues nationales. Et
même s’il y a plusieurs langues, les textes législatifs sont écrits en
portugais avec toute la difficulté que cela peut entraîner pour la
compréhension par la majorité de la population.
A priori, l’histoire du Mozambique, culturelle, politique ou encore
environnementale est détachée de l’évolution historique du droit de
l’environnement en tant que droit positif. Le Mozambique est un pays avec une
forte tradition orale (Flavia, 1992 : 2). Cette tradition orale a
accompagné le processus colonial, l’émergence de l’état-nation et finalement
l’émergence des lois environnementales. Elle perdure même si elle perd de son
poids. Notons que la tradition orale est
une caractéristique des peuples autochtones[7],
lesquels habitent dans les espaces que le droit de l’environnement vise à
protéger, ce dernier fruit du savoir scientifique, bien qu’il soit étranger à
la tradition orale. Quelle est l’influence de la tradition orale sur le droit
de l’environnement positif au Mozambique ?
Ensuite, l’émergence de la loi de l’environnement au
Mozambique en 1996[8], a peut-être changé le
regard existant autour de la relation homme-nature. N’importe quel instrument
juridique a la capacité d’induire un changement de représentation, dans la
société où il est appliqué. Et quand on parle des représentations, le regard
qu’on porte sur le monde, il est important de noter qu’elles sont le début de
notre relation matérielle avec le monde, le début de ce qui va guider nos
manières d’être dans le monde. Et si l’on assume que la représentation de l’environnement
a changé avec l’introduction de la loi (et puis les lois[9])
de l’environnement, il s’avère important de comprendre quels changements ont
été vérifiés, et s’ils se vérifient toujours en résultat de ces lois-là. Mais on
peut faire l’exercice de manière inverse en disant que l’hypothèse de
changement de représentations est inapplicable. Ainsi, on peut se demander,
quel est l’influence des lois de protection de l’environnement sur la
population autochtone ?
D’après les deux questions proposées, on voit qu’il existe
une relation entre les savoirs autochtones et les savoirs non autochtones[10].
Les savoirs autochtones ont peut-être influé sur l’émergence des lois de
protection de l’environnement ; et les lois de protection de
l’environnement influent sur les pratiques autochtones actuelles. Qui dit
pratiques, dit connaissances et donc savoirs. Ainsi est formé un cycle des
savoirs, autochtones, non autochtones, scientifiques, etc. qui sont en
constante interaction les uns avec les autres. De ce fait, plus globalement on
cherche à comprendre comment les savoirs autochtones sont intégrés dans la
législation de l’environnement au Mozambique.
Par ailleurs, toutes ces questions ci-dessus sont
interdépendantes et ne peuvent pas être étudiées de façon isolée,
indépendante. Et ceci permet d’ajouter la
notion selon laquelle l’intégration ou non des savoirs autochtones dans la
législation de l’environnement peut se matérialiser de façon volontaire ou non
volontaire. En effet, on peut avoir des lois qui respectent, valorisent et
peut-être intègrent les savoirs autochtones mais qui furent adoptés sans aucune
considération de ces savoirs-là. Par exemple, des lois approuvées sans aucune
consultation préalable mais qui sont d’une façon ou d’autre en accordance avec
les savoirs autochtones. Serait-ce un heureux hasard, ou ce serait-ce le fait
que des personnes, bien que non autochtones, connaissent les savoirs de ces
populations ? Quel est alors le processus de formulation des lois sur l’environnement
? Quelle place pour le principe de participation, d’information, du droit au
développement et d’autres principes du droit de l’environnement ? Voici
les quelques questions qui émergent dans le cadre de ce travail et que donc, qu’on
cherche à les comprendre et produire des pistes de réponse.
[1] Voir annexe, la carte qui montre la localisation du
Mozambique et sa division administrative.
[2] www.ciafactbook.com, consulté le 24/04/18, 11h :05min.
[4] Il est important de noter qu’il existe bien d’autres
groupes ethniques représentatifs : les Makondes ; les Maraves – y
compris les Nyanjas, les Chuabos, les Senas et les Nhungwes ; les Shonas –
y compris les Ndau, Manyka et Tewe ; et les Tsongas – y compris les Ronga,
les Changane et les Tswa (culturamoçambicana.blogspot.com).
[5] Ww.visitmozambique.gov.mz, consulte le 07/03/19, 11h55min.
[6] Culturamoçambicana.blogspot.com, consulté le 07/03/19,
13h23min.
[7] Voir définition dans les pages qui suivent.
[8] Cette loi est un landmark
du droit de l’environnement Mozambicain et elle va être exposée de façon
récurrente durant le travail. De plus, il est intéressant de noter que le mot
‘environnement’ apparait dans la constitution du Mozambique de 1992.
[9] Décrets, diplômes ministériels, postures municipales, etc.
[10] Par force de langage on pourrait écrire que les savoirs non autochtones sont automatiquement savoirs scientifiques. Mais, il y a des savoirs non autochtones qui ne sont pas non plus savoirs scientifiques : les cas des connaissances populaires des non autochtones et non validées par la méthode scientifique.
GENERALISATIONS
En ayant développé la relation entre les savoirs
autochtones et le droit de l’environnement au Mozambique, avec l’objectif de
comprendre si les savoirs autochtones sont ou non intégrés dans la législation
de l’environnement au Mozambique, nous arrivons à la fin de l’étude. Il est
maintenant possible de vérifier le développement de nos atteintes initiales.
Mais il est aussi possible de vérifier les limites dont nous aurons dû faire
face. Puisque l’étude s’est montrée d’une complexité intéressante. Une complexité
que demande à la fois, plus de disponibilité temporelle mais aussi plus de
disponibilité de ressources matérielles, en l’occurrence financiers – dans la
mesure où certains déplacements pourraient fournir plus de substance à l’étude.
Premièrement, quant aux questions
dont nous avons posé au départ, le développement nous a donné beaucoup de
pistes de réflexions. Nous avons pu voir que les savoirs autochtones sont
intégrés dans la législation de l’environnement au Mozambique à travers
quelques principes du droit de l’environnement, en l’occurrence, le principe de
participation, le principe d’information et aussi le principe de précaution.
Mais maintenant nous le savons aussi que ne sont pas tous les savoirs
autochtones que sont intégrés dans la législation de l’environnement, car on a
intégré juste celles que ne sont pas contraires à la législation, au savoir
scientifique.
Ensuite, ils en existent d’autres
principes que ne sont tout à fait liés à l’intégration des savoirs autochtones
mais dans notre perception, ils sont liés à la préservation de ces savoirs. Ce
sont les principes de cohésion sociale, principe d’égalité/équité sociale,
principe de bénéfice direct du projet, principe de responsabilité, et principe
de non-altération du niveau de revenu. Parce que, ces principes ne visent pas,
primordialement, à l’auscultation de la pensée autochtone mais, à la création
des conditions pour que les autochtones et leurs savoirs puissent survivre et
vivre. Convenons-nous toutefois que la ligne ente préserver et intégrer est
parfois très fine. Pour finir, il fut possible aussi de comprendre que lorsque
les autochtones s’aperçoivent que leurs savoirs sont acceptés et intègres plus
facilement ils respectent plus la législation de l’environnement.
Deuxièmement, par rapport à nos
hypothèses, effectivement on a pu valider la principale. Celle que considérait
que les
savoirs autochtones sont intégrés au droit de l’environnement mozambicain à
travers la participation des populations locales dans l’élaboration des lois
sur l’environnement. Maintenant on sait que ce n’est pas juste la
participation, comme on a pu écrire ci-dessus. Toutefois, la deuxième hypothèse
était faible car, ce ne sont pas les savoirs autochtones les plus
représentatifs qui sont intégrés dans la législation de l’environnement. En
effet, les savoirs autochtones plus facilement intégrés sont celles que
s’accordent le plus avec les savoirs scientifiques. Quant à la dernière
hypothèse, en effet, il est maintenant raisonnable de considérer que lorsque le
droit de l’environnement a intégré les représentations de la population
autochtone il est plus efficace, dans la mesure où on commence à parler de la
même chose.
Troisièmement, les objectifs de recherche définies au début
du travail furent partialement accomplis. Parce que, si d’un côté, nous
comprenons maintenant comment les savoirs autochtones au Mozambique sont
intégrés dans le droit de l’environnement,
d’autre coté nous n’avons pas pu identifier ni donc étudier les savoirs
autochtones les plus représentatifs. Cependant, nous avons vérifié que le droit
de l’environnement devient plus efficace lorsqu’il s’accorde avec les savoirs
autochtones, car, ça renforce un pratique déjà consolidé. Ainsi, la
méthodologie dont nous nous sommes servis fut utile dans la mesure où, elle
nous a permis d’avoir plus de pistes de réflexion autour de ce sujet si large
qu’il paraît.
Au début du travail, nous avons introduit l’idée
d’intégration involontaire des savoirs autochtones dans le droit de
l’environnement. Cette idée consiste dans le fait d’intégrer les savoirs
autochtones dans la législation de l’environnement sans réaliser aucune
auscultation. En effet, on sait que normalement, les savoirs autochtones sont
intégrés par le biais des quelques principes du droit de l’environnement,
notamment celle de participation, mais il y a des savoirs autochtones que sont
trouvés dans la législation de l’environnement soit parce qu’on s’inspire des
textes internationaux soit parce que scientifiquement c’est la chose correcte à
faire. Dans ce cas-là, nous ne prenons pas en compte les savoirs autochtones
mais nous approuvons des lois que se ressemblent aux savoirs autochtones. La
fin est la même, ce qui veut dire que le droit est beaucoup plus respecté, et
donc devient efficace.
Quant aux limites de l’étude, le
premier est lié à l’escope des interviews. C’est-à-dire, nous avons un nombre
réduit et parfois insuffisante des autochtones interviewés dans le cadre de
notre travail. Par exemple, sur la partie concernant les principes du droit de
l’environnement, il pouvait être plus intéressant d’avoir plus d’avis
d’autochtones de l’intérieur du Mozambique. Il pourra aussi être intéressant
d’enquêter les autochtones habitant dans les zones frontalières pour vérifier
l’applicabilité du principe de coopération internationale, principalement, dans
le cadre de la SADC.
Finalement, les succès et les
insuccès du travail nous permettent maintenant d’avoir de pistes pour les
prochaines réflexions. Ces sont par exemple l’élaboration d’une analyse
comparative avec un pays qu’a une histoire de succès dans l’intégration des
savoirs autochtones, pour pouvoir observer qu’est-ce que peut inspirer le
Mozambique à devenir meilleure dans ce champ. Ensuite, un travail à
l’intérieur du pays, et plus spécifique, par exemple sur le domaine des déchets
ou sur le domaine de la pêche pouvait être plus riche et accablant. Puis, une
étude sur l’évolution de la représentation environnementale liés à des
politiques publiques peut être une analyse intéressante aussi.
In fine, nous
pouvons maintenant considérer que les savoirs autochtones sont intégrés dans la
législation de l’environnement au Mozambique. Cette intégration est faite par
le biais des principes du droit de l’environnement et en s’inspirant des textes
internationaux. Et le résultat de cette intégration, lorsqu’elle reflète de
façon génuine les aspirations des savoirs autochtones est le respect des lois
sur l’environnement, vu qu’elles s’accordent avec le modus operandi des
autochtones.
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